mardi 2 mai 2023

GRAVEL TRO BREIZH 2023, 6ème édition. 4ème journée. Mardi 02 mai 2023.

 Mardi 02 mai. Le réveil sonne une nouvelle fois bien trop tôt. C'est de nouveau le défilé dans la salle de bain. Par contre c'est le silence qui domine ce matin. J'ai du mal à émerger, comme mes trois compagnons de chambrée. Nous mettons du temps à nous préparer. Dehors il y a un brouillard épais. Nous partons enfin... à 07h00. C'est bien trop tard. Idéalement la journée de pédalage devrait commencer à 06h00 au plus tard. Le début est comme la fin de la journée précédente. C'est du chemin de halage. Il fait froid, c'est humide et la visibilité est réduite. Nous quittons rapidement le canal pour rentrer en forêt. Ça passe plutôt bien. Et en peu de temps nous sommes à Châteaulin. Nous croisons Tic et Tac qui ont dormi sous un pont au bord de l'eau. Enfin dormir est un bien grand mot, puisqu'ils ont eu très froid à cause de l'humidité. Ils nous indiquent une boulangerie qui sert aussi des cafés et autres boissons chaudes. Nous nous y précipitons. Je dévalise la boulangerie : flan breton, far aux pruneaux, croissant, chocolatine et grand crème. Les autres hallucinent. Julien souffre beaucoup de son genou. Il abandonne ici. Laurent part seul. Franck et moi attendons encore 5mn devant la porte de la pharmacie. J'y achète des Compeed pour les fesses et du baume du tigre pour le genou et les jambes. Cela fait plus de deux heures que nous sommes partis et nous n'avons fait que 18 km !

L'au-revoir de Julien...

La sortie de Châteaulin est roulante, du moins au début car très vite nous avons devant nous un autre mur. Un peu plus de 4 km et 200m de D+ ! Par la route fort heureusement. Avec Franck nous ne parlons plus. Nous montons à notre rythme. Dès que la pente se fait trop forte, nous poussons. Nous avons quitté l'épais brouillard et nous voila sous un ciel dégagé. Il fait même chaud au sommet du Ménez Quelc'h. Nous voyons une belle mer de nuages qui suit la vallée de l'Aulne. Nous sommes accompagnés par le chant des oiseaux mais aussi la mélodie d'armes lourdes. Nous longeons un camp militaire et l'armée s'entraine. Ce "col" est classé en 3ème catégorie sur le TDF. Il y a même des bornes kilométriques tout le long à l'image des bornes des cols alpins, avec kilométrage restant jusqu'au sommet et pourcentage. C'est la bascule ! Ça va vite. Je ne peux pas trop relancer car je n'arrive plus à descendre sur le 11 dents depuis deux jours. Je reste sur le 13 et du coup je mouline trop avec mon petit plateau de 34. Heureusement que j'arrive à monter sur le 46. Mon indexation s'est rapidement déréglée. La boue ? une butée dévissée ? câble ? je ne sais pas et je ne veux pas savoir. Je n'y touche pas sous peine de tout perdre. Tant que ça marche comme ça, ça me va. Nous montons de nouveau. C'est beaucoup moins pentu. Nous prenons notre mal en patience comme souvent. Nous discutons de tout et de rien. L'entente est toujours parfaite entre Franck et moi. Au sommet il y a un superbe belvédère. Nous voyons l'Océan au loin, la petite ville de Locronan un peu plus bas et des sommets sur notre droite dont le Ménez Hom ! Le fameux Ménez Hom que nous gravirons un peu plus tard dans la journée. Arnaud nous rejoint. Séance selfies ! et nous descendons jusqu'à Locronan. J'adore cette petite ville. Franck ne connaissait pas. Il est sous le charme. Nous filons désormais vers l'Océan. Je reconnais ces  routes, ces plages. Nous sommes à Tréfeuntec et Sainte-Anne-la-Palud. J'avais pris ces mêmes routes l'an passé après mon abandon pour rejoindre Quimper via Douarnenez. 

Belvédère avant Locronan.

Locronan.

Frédéric aime bien joué avec nos nerfs. A peine le littoral atteint qu'il nous fait remonter dans les terres, puis nous redescendons au niveau de la mer, pour de nouveau remonter, et ainsi de suite... Nous nous faisons une pause repas dans une paillote crêperie près de la plage de Pors-Ar-Vag. Nous voulons attaquer le Ménez Hom le ventre plein. Il fait chaud. Le soleil cogne dès que le vent cesse. Ça y est nous repartons. Une dernière virée vers l'Océan, on vire à droite vers les terres et c'est parti pour la montée au Ménez Hom. 8 km et 320m de D+. Le début est doux et par la route. Puis c'est le chemin. C'est toujours roulant. Puis nous rentrons dans la forêt. Le chemin se transforme en single par endroits. Par moments il faut pousser. Je connais déjà cette montée mais mes souvenirs sont un peu flous. Je me rappelle surtout de la montée finale. Nous sortons du chemin. Voilà la départementale que nous empruntons sur 100m et tournons sur la route à droite. J'y suis. Je suis dans ma bulle. Je suis seul. J'ai oublié Franck. Je me sens euphorique. Sans m'en rendre compte je le distance. Je fais une petite vidéo. J'ai besoin de m'exprimer sur ce que je ressens en ce moment. La pente se durcie. je range le téléphone. Je crie comme l'an passé. Puis dans les derniers mètres de la montée, je craque. La tension accumulée pendant plusieurs mois s'évacue enfin. Je suis en larmes. En début d'année j'ai sérieusement songé à annuler mon inscription à la GTB. Un évènement personnel qui concerne une des personnes qui compte le plus pour moi, m'a complètement déstabilisé physiquement mais surtout psychologiquement. Ma prépa s'en est retrouvée complètement bouleversée. Pour moi le vélo était devenu secondaire. Mais je ne sais pas pourquoi j'ai conservé mon inscription et me voila aujourd'hui en route pour le sommet du Ménez Hom, là où il y  a tout juste un an je rendais ma balise à Frédéric. Tout me revient en mémoire. Mon abandon, ma santé défaillante qui m'a bien fait souffrir et surtout mon proche qui a tant souffert et auquel je pense par dessus tout en ce moment. Cette petite victoire personnelle est pour toi A. ! Je pense aussi à ma femme qui me manque terriblement. J'ai tant besoin d'elle dernièrement que l'avoir loin de moi me pèse énormément. Je vous aime !

La Mer d'Iroise



Sommet du Ménez hom.

Depuis le sommet : la Mer d'Iroise.

Franck me rejoint quelques minutes plus tard. Nous profitons du point de vue. C'est toujours aussi beau. A gauche la baie de Douarnenez, en face la presqu'île de Crozon, à droite Plougastel, la rade Brest et Brest. Derrière nous les Monts d'Arrées au programme de demain, les Montagnes Noires d'où nous venons... Entre temps j'ai reçu un message de Stéphanie. Elle abandonne. Elle a chuté ce matin et elle était en hypothermie un long moment. Depuis elle ne se sent pas bien. Franck et moi lui envoyons un message en visio pour la réconforter. Il est temps de redescendre. La fameuse descente cassante et pleine de caillasses. Je fonce pleine balle. Je suis à l'aise dans le technique. Je choisis mes trajectoires au mieux et ça passe crème. C'est un véritable bonheur. Franck lui hésite plus, il est prudent. Ça remonte légèrement sur piste puis de nouveau une belle descente dans les cailloux. C'est reparti. J'y vais pleine balle. Tout en bas il y a une barrière et après c'est la route. Soudain, à 50m à peine de la barrière, j'entends un bruit de liquide qui s'échappe. Je ne comprends pas tout de suite ce qui m'arrive, puis j'aperçois un geyser de liquide préventif s'échapper de mon pneu avant. Crevaison à l'avant du peloton ! Je me pose à la barrière. J'inspecte le pneu. Un crampon s'est légèrement arraché. Je regonfle pensant que le liquide va boucher le trou, mais ça ne tient pas. Allez j'improvise un atelier mèche. En moins de 10 mn c'est réparé et nous pouvons repartir. La mèche tiendra jusqu'au bout. 

Nous roulons sur de petites routes et allons nous attaquer à la presqu'île de Crozon. Il est tard. Nous sommes fatigués et nous n'aurons pas le temps ni la force d'en faire le tour complet. Je sais pertinemment que la vitesse moyenne à Crozon est relativement basse. C'est une succession de petits coups de cul bien pénibles et de descentes rapides. Première étape rejoindre Morgat. Nous y arrivons enfin. Nous voulons manger et nous assoir pour reprendre des forces mais finalement nous finirons au supermarché pour faire le plein. Nous repartons et tout de suite ça grimpe sec. Deuxième étape : Camaret sur Mer. Je sais qu'entre Morgat et Camaret nous allons souffrir mais je ne m'attendais pas à que ce soit autant. Les routes se font rares. La trace emprunte de plus en plus de chemins. Mais ceux-ci sont gorgés d'eau et de boue. Nous avançons du coup bien difficilement. Il faut pousser souvent. Le temps passe. La fatigue s'accumule. Les corps souffrent. Mon genou est plus douloureux. Je le tartine avec du baume du tigre. Franck souffre également. L'arrière de son genou lui fait mal aussi. Heureusement que nous roulons ensemble. Seuls nous aurions baissé les bras. Nous voila au Cap de la Chèvre, la pointe sud de Crozon. Nous continuons. Toujours des sentiers boueux. Quelques petites routes. Des traversées de hameaux.  De la lande. Ça monte, ça descend. Encore et encore. Nous avons un moment de répit de 3km sur une voie verte, puis rebelotte. Le soleil se couche sur le Tas de Pois et la pointe de Pen-Hir. C'est beau ! On s'arrête pour admirer et prendre quelques photos. Nous y sommes presque. Franck a réservé un hôtel à Camaret. Nous partagerons une chambre. Un dernier ride dans la lande et c'est la descente vers les quais de Camaret. Nous y voila enfin. Que la journée nous a paru longue. Elle le fut et elle fut très exigeante et épuisante. La chambre est confortable. La douche est majestueuse et je vais y rester un bon moment. Un dîner rapide et je me fais un cataplasme de baume du tigre sur les cuisses. Elles sont douloureuses. Je tartine aussi le genou et au dodo. Le réveil est programmé à 5h30. 




Soleil couchant sur le Tas de Pois, Pen-Hir.


La ration de survie de l'Armée Nationale Bretonne !


Les chiffres de la journée :
139,81 km
10h34 de déplacement (14h49 avec les pauses)
13,2 km/h de moyenne (9,4 km/h avec les pauses)
55,9 km/h max
2397m de D+
2400m de D-

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire