mardi 28 mai 2019

Le Tour des Vaches Rouges (Cézallier, 63) Etape 2/2, les 27 et 28 mai 2019

Le réveil sonne à 6h20. J'ai très bien dormi, j'ai juste été réveillé vers 2h30 pour le petit pipi de la nuit et surtout pour me rendre compte qu'il pleut des cordes. Ça va être humide tout à l'heure.
Qu'en est-il de mon dos ? la nuit sur une excellente literie et le comprimé pris avant de dormir ont fait que je ne ressens aucune douleur à mon réveil. Par contre je ne suis pas serein, j'ai peur que cela recommence. Je sais au fond de moi que je ne ferais pas les 157km que représente le Tour complet. Mais je ne vais pas repartir tout de suite à la voiture. Je suis ici, et je compte bien rouler aujourd'hui. Le Tour des vaches Rouges comporte des variantes qui permettent de raccourcir le parcours. Ça tombe bien j'avais pensé avant de partir à les charger dans mon GPS. Hier soir avant de me coucher j'avais étudié cette solution. Une variante me permettrai de rejoindre la trace à La Godivelle par le centre du plateau et faire ainsi la partie la plus au nord avant de rejoindre Ardes-sur-Couze. J'ai calculé que cela représente environ 60km à faire dans le journée. Donc pas de retour à Ardes par la route ni par le même chemin que la veille. En faisant ainsi je vais faire environ la moitié du tour des Vaches Rouges qui correspond essentiellement  à sa partie Puydômoise.
Je descends prendre un petit déjeuner très copieux et je discute un peu avec mes hôtes. Et ils me conseillent d'éviter une partie du chemin entre Vauzelles et Boslabert. D'après eux le chemin a pratiquement disparu et est devenu impraticable même à pied. Ils semblent parfaitement connaitre le Tour des vaches Rouges. Le patron du gîte ayant participé à son élaboration au début des années 90 avec les traceurs de chez Chamina. Je suivrai leur conseil en prenant par la route et des pistes.
Je pars enfin à 7h50. Le début est assez roulant. Le ciel est toujours aussi couvert. Le plafond est même très bas, mais il ne pleut pas. 

A la Baraque d'Aubiat.

Soudain je me retrouve face à une Salers qui est en plein milieu du chemin. Ses copines sont toutes dans le champs voisin, mais elle s'est fait la belle. Elle prend peur et s'enfuit. Je descend du vélo pour ne pas l'effrayer plus que ça, et enfin après quelques dizaines de mètres, elle retourne rejoindre ses congénères par un trou de la clôture. 
Tout en roulant je peux admirer sur ma droite le Signal de Luguet, le point culminant du Cézallier (1551m)... enfin j'essaye de le voir. Le sommet est sous les nuages.




Je suis toujours sur la trace principale, je ne rejoindrai la variante qu'à Courteuge. Enfin c'est ce que je pensais faire jusqu'à ce que 3 chiens dont un très virulent, me fasse faire demi-tour à Auzolle. Le chemin à emprunter passe au début de la ferme, mais impossible de m'en approcher. Je repars en sens inverse, surveillant du coin de l'œil le toutou mal-embouché qui ne me lâche pas d'une semelle. Enfin il me lâche la grappe et je peux regarder la carte. Je trouve une alternative par la route qui me fait zapper une petite partie du parcours et rejoindre le tracé de la variante entre Besse et Anzat. 



Ruines du hameau de Chabanelle. Dans mes plans initiaux, j'avais envisagé d'y camper.


On trouve aussi des Aubracs.


Et des Montbéliardes.

A Anzat je refais le plein d'eau au cimetière. Comme un gros boulet que je suis, j'ai oublié de le faire au gîte avant de partir. Le temps est en train de changer, il fait plus froid désormais. Les nuages sont de plus en plus noirs. A Parrot, point le plus haut du parcours, je fais une pause barres. Le vent est glacial et de face. Et je sens qu'il va pleuvoir sous peu. Bref c'est pas terrible. Heureusement que les paysages sont superbes et que je me régale les yeux. Le Signal de Luguet est là, tout à côté mais impossible de le voir, il est toujours sous les nuages.
Je suis au cœur du plateau du Cézallier. Je suis au cœur même de ce que je suis venu chercher : les grands espaces, les estives à perte de vue, le désert végétal, la nature absolue et la solitude... Même si le temps n'est pas de la partie je me régale.

La Chapelle du Luguet (Anzat-le-Luguet).


Station de Parrot (1287m). Ski nordique, VTT et randonnée.


La vue de ma visite à Parrot depuis la Webcam de la station !!!



Après avoir passé Boutaresse et Jassy j'arrive au lac de Saint-Alyre... sous la pluie. Malgré cela il est superbe. Je longe la berge nord et je franchi une clôture. Je dois rejoindre La Godivelle à travers un pacage. Je me réjouis mais rapidement je me rend compte que c'est une sombre galère. De profondes ornières m'empêchent de pédaler. De temps en temps j'arrive à avancer sur le vélo, mais rapidement l'herbe rase laisse la place à un champ de boue. J'enrage, je peste et je n'en vois pas la fin. Enfin j'aperçois le village et l'un de ses deux lac, le Lac d'En-Bas. 




Boutaresse.

Dans La Godivelle je cherche une auberge ouverte, mais les deux que je trouve sont fermées. Je pousse voir le Lac d'En-Haut, c'est un lac de cratère, mais je ne m'attarde pas. Il caille à cause du vent.
J'ai repéré un lavoir fermé, il va me servir de salle à manger pour le repas du midi. Une fois restaurer je repars vers Brion. C'est assez roulant. Je roule sur de petites routes et de belles pistes. Une partie du parcours est commun alors à la Grande Traversée du Massif Central VTT. En un rien de temps j'arrive à Brion et son lac voisin, le lac des Bordes. Là la trace me mène à un cul-de-sac. J'hésite à rentrer dans le pâturage, il y a d'autres clôtures qui barrent le passage plus loin. Je cherche un autre chemin et sur la carte je vois une route pas loin. J'y vais. Au loin je vois un gros grain qui approche. C'est sûr je vais me ramasser une nouvelle averse. La solution de la route semble être une mauvaise solution, je tombe sur la barrière d'une propriété privée. Je demande mon chemin à un paysan qui passait par là dans son 4x4. Il s'est remis à pleuvoir et fort. Il me dit que je peux passer dans la pâture. Mais je prend par le champs d'à côté et c'est la bonne solution... enfin c'est ce qu'il me semble. Car arrivé au bout, je suis de nouveau  face à une clôture électrique et pas de moyen de passer sans prendre un coup de jus. Je "balance" le vélo par-dessus, ainsi que mon sac à dos, et je passe en rampant en dessous. Quand je me relève je vois sur ma gauche un chemin qui abouti au même endroit... j'ai dû loupé un truc là. 
Pas grave je continue dans un joli bois de conifères qui arrive sur une superbe combe. Au bout il y a encore une clôture avec un passage, et là, malgré toutes les précautions prises, je me prend une châtaigne en marchant sur le fil... je ne m'y ferai jamais, c'est toujours aussi désagréable. 

La GTMC.


Lac de Saint-Alyre sous la pluie.






A gauche le barbelé, à droite la clôture électrique... surtout ne pas dévier sa trajectoire!!!

Un buron.

Une image pour tout résumer : barbelés, clôture, grands espaces, estives, pluie, et vaches rouges : le Cézallier.

La Godivelle et le Lac d'En-Bas.

Juste avant la galère boueuse.

Ça passe, pas évident, mais ça passe.

La Godivelle, le Lac d'En-Haut, lac de cratère.

Zone de tourbières.



Le Sancy.

La famille au complet :papa, maman et le petit.

Brion, le Lac des Bordes.

Brion, la Motte Médievale.


Chemin par lequel j'aurai dû arriver.

Le lendemain je suis repassé en voiture et j'ai trouvé l'entrée du fameux chemin.


Enfin un peu de soleil.


Le chemin suit, dans le champ, la clôture puis un ruisseau et une tourbière. Enfin je sors du champs et je récupère une vrai piste roulante qui va me mener à Vauzelles. Ça descend et soudain au détour d'un virage je débusque un brocard qui détale devant moi... encore une belle rencontre !
A Vauzelle le chemin que je dois prendre ne semble plus exister. Je repars par la route. De toute façon le secteur à éviter est proche alors autant anticiper. Je n'imagine pas encore la galère qui va suivre.
La route monte, monte, monte... ça n'en finit pas. Le vélo est lourd, 19kg, et je n'arrive plus à l'emmener. Je suis fatigué, les jambes me semblent lourdes et je pousse le deux-roues dans les portions les plus dures. J'ai un petit répit avec une descente jusqu'au ruisseau de Roche-Charles. Mais cela ne dure pas, ça remonte aussitôt. De plus je prend petite averse sur petite averse. J'arrive enfin au Col de la Croix Maubert et je m'abrite dans la petite chapelle qui s'y trouve. Il fait toujours aussi froid et le vent est fort. Là une piste descend jusqu'à Vénèche. Je pense que cela va en être ainsi jusqu'à Ardes mais là une très mauvaise surprise se présente à moi... je dois franchir une dernière bosse. Je suis éreinté, mes jambes ne veulent ni pédaler, ni marcher. Je m'allonge dans l'herbe plusieurs minutes histoire de reprendre des forces. Je repars enfin. Au col de la Liste il pleut bien fort. A partir de maintenant ça va descendre pendant 10km jusqu'à Ardes. Ce qui devait se présenter comme une formalité va se transformer en véritable galère. La route est détrempée, la pluie forte et le vent me fait faire des embardées. C'est un orage, ça tonne fort. J'ai les mains gelées, l'eau traverse tous les vêtements. Je suis frigorifié et trempé. J'ai l'impression que cette descente n'en fini pas. J'arrive enfin à Ardes. Je pousse le vélo dans les derniers mètres, là encore ça monte sec... et surprise, la pluie s'arrête quand je suis à 100m de la voiture!

Un individu volant s'est incrusté sur cette photo.



Ça monte, monte et je n'en peux plus.

Col de la Liste, il reste 10km tout en descente... sous la pluie d'orage.


Il est 17h50 lorsque je pose le vélo et je me réfugie dans l'auto pour me sécher et vite me changer avec des vêtements secs. Je suis claqué. Il est hors de question que je reprenne la route ce soir. Je file donc à Issoire pour dîner. Sur le chemin je m'arrête dans une crèmerie faire le plein de bons produits laitiers du coin... miam miam.

La fameuse bière de fin d'itinérance.

Et enfin un vrai repas.

Produits artisanaux locaux.

J'ai dormi dans la voiture au cœur du Cézallier. Je ne regrette pas de ne pas avoir continué mon périple à cause de la météo pourrie et des températures glaciales. Au petit matin il faisait 4 petits degrés.
Pour la petite histoire en repartant je suis passé par la vallée de Chaudefour et là je suis tombé sur 4 mouflons. J'ai eu tout le temps de les admirer, ils ne semblaient pas indisposés par ma présence.

Le Lac Pavin.

Les mouflons de la Vallée de Chaudefour.





Pour conclure je dirai que je savais que le Cézallier ne serait pas une partie de plaisir, mais en fait ce fut pire que ça. Le Tour des vaches Rouges est à l'origine un parcours fait pour la randonnée pédestre. Ça passe en vélo mais la difficulté est plus dure que dans l'Aubrac par exemple. Les vallées sont profondes et très encaissées, ce qui fait que les pourcentages sont importants. Les estives sont très vallonnées, alors que l'Aubrac m'a semblé plus doux. De plus j'ai surtout senti que mes jambes ne suivent plus comme avant. C'est sûrement à cause de tous mes problèmes de dos depuis le mois d'octobre 2018. Ce furent de longs mois à bien morfler. Et même si j'ai beaucoup roulé depuis le début de l'année, je n'ai pas récupéré comme il se doit pour me lancer sereinement sur un tel parcours. Et l'alerte du premier jour n'a pas arrangé les choses et j'avais toujours l'impression de rouler avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Sinon j'ai beaucoup aimé ce coin de France qui m'attirait depuis plusieurs années. Je ne regrette pas mon choix.
Par contre le Tour des Vaches Rouges décrit dans le Topo-guide de Chamina, édité en 1993, (celui que j'ai suivi) n'est plus trop d'actualité. Des chemins ont disparu ou ne sont plus praticables. Un nouveau Tour des Vaches Rouges a été retracé et balisé depuis peu. Il est plus court, 130 km, et passe dans de nouveaux secteurs. D'ailleurs la partie nord où j'ai bien galéré, après Brion, n'en fait plus parti. Mais j'avais tellement étudié, lu et relu le Topoguide Chamina, j'avais tellement rêvé, imaginé ce parcours,  que j'ai tout de même voulu me lancer sur la trace originelle. 

Les chiffres de la journée :

63,81 km
06h49 de roulage (10h00 avec les pauses)
9,4 km/h de moyenne (6,4 km/h avec les pauses)
53,9 km/h max
1551m D+
1963m D-
Altitude mini 579m
Altitude max 1337m

Les chiffres des deux jours :

83,32 km
09h37 de roulage (13h35 avec les pauses)
8,2 km/h de moyenne (5,9 avec les pauses)
2347m D+
Altitude mini 579m
altitude max 1337m

1 commentaire:

  1. J'ai séjourné dans le Sancy début Août, suis passé au Lac Pavin ....
    Je peux te garnatir qu'avec le ciel bleu c'est grandiose ce secteur ...(larsen)

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