lundi 1 mai 2023

GRAVEL TRO BREIZH 2023, 6ème édition. 3ème journée. Lundi 1er mai 2023.

 Lundi 1er mai. C'est la fête du travail. Si je n'étais pas venu à la GTB, je serai allé défiler dans Paris et surtout j'aurai offert un bouquet de muguet aux deux femmes de ma vie, mon épouse et ma fille. De plus aujourd'hui cela tout juste un mois que Carole et moi sommes mariés. J'aurai tellement aimé la serrer dans mes bras ce matin... Quoi qu'il en soit, je me réveille à Plouay et je vais attaquer à ma troisième journée sur le parcours de la GTB. 

Le réveil sonne à 05h15. Je le reprogramme pour gagner 15mn de sommeil. J'ai du mal à sortir du sac de couchage. La nuit a été de nouveau bien courte et le sommeil haché. Je réveille Franck. Je remballe mon couchage et pars vers le centre-ville. J'abandonne provisoirement Franck. Les boulangeries sont éclairées. Ça bosse à l'intérieur, mais aucune n'est encore ouverte, tout comme la laverie qui a englouti Stéphanie. Elle sera délivrée à 06h45. Je quitte enfin Plouay. Ça grimpe un peu par la route. Rapidement je fais une pause. Comme un idiot j'ai "oublié" de me restaurer avant de partir, je n'ai pas huilé ma chaîne et je n'ai pas envoyé de muguet "virtuel" aux deux femmes de ma vie. Je fais tout cela. Il fait maintenant presque jour, et Franck me dépasse. Il est parti peu de temps après moi. Nous ne le savons pas encore mais la journée va être très très longue et éprouvante pour le corps, le moral et les machines. En effet le terrain est toujours aussi boueux. Il est aussi très accidenté. C'est une succession de coups de cul incessants. La vitesse est extrêmement basse. Je n'ai fait que 16km en deux heures. A ce rythme je ne ferai pas 100 bornes aujourd'hui ! Je roule désormais avec Franck. Nous avons exactement la même allure. Nous parlons beaucoup, enfin surtout moi. Je suis un vrai moulin à paroles. Discuter permet d'oublier un peu les difficultés et de trouver le temps moins long. Nous pensons à Jacques et son compagnon de route, qui sont partis hier soir en pleine nuit pour Lignol. Ils ont dû bien galérer dans le noir. Il y a des passages difficilement franchissables en pleine journée. Alors de nuit cela a dû être un calvaire. Surtout si en plus on y ajoute la fatigue de la journée ! Un de ces passage longe Le Scorff via un single. Ce sentier est très boueux. Il y a des racines glissantes, des pierres. Il faut souvent pousser, porter le lourd vélo. Il faut marcher dans la boue, dans l'eau. Les pieds sont de nouveaux humides. Pense-bête pour plus tard : acheter des chaussettes étanches ! Selon Frédéric, il y a 15 jours à peine ce sentier était complètement recouvert par Le Scorff !  On a de la chance dans notre malheur. Pour la petite histoire un peu plus tard, j'étais bien en colère après le commentaire de deux concurrents qui critiquaient les choix de parcours de Fred, dont ce passage. Nous nous sommes inscrits sur une trace "engagée". C'était bien indiqué dans la présentation de l'épreuve. Ça me gonfle toujours d'entendre ça. Si on veut une trace aseptisée on va voir ailleurs ! la boue, l'eau, le vent... ici "c'est le jeu ma pov' Lucette !".

En tout petit c'est Vincent, le premier du dimanche à nous doubler !

Avec Franck nous faisons donc notre petit bonhomme de chemin. Après les longues ascensions il y a de belles descentes bien rapides. Nous les prenons à pleine vitesse, sans donner un coup de pédale pour nous économiser, mais souvent en position aérodynamique, pour gagner du temps. Dans les descentes accidentées je fonce. Choix des trajectoires, lecture du terrain pour anticiper les obstacles... mes années de VTT m'aident beaucoup dans ces moments là. Ce matin nous n'avons qu'un seul objectif. Atteindre le CP1. C'est la crêperie "Un Rayon de Blé Noir", au niveau de l'Abbaye de Bon Repos. Elle est tenue par Thierry qui a terminé la GTB l'an passé en 5ème position. Je l'avais alors rencontré. On nous y a promis une galette saucisse. Franck et moi continuons coute que coute à avancer. Nous continuons à pousser nos vélo dans les raidillons. Cela permet de s'économiser. Ça ne sert à rien de vouloir tout monter sur le vélo, à part se fatiguer en forçant et risquer de se blesser. De toute manière on va aussi vite à pied que sur le vélo. Nous croisons régulièrement Tic et Tac. Eux s'arrêtent très souvent. Nous les dépassons alors. Puis ils nous rattrapent dès qu'ils roulent, puis ils stoppent de nouveau, puis nous rattrapent... Ils ont un rythme très saccadé, alors qu'avec Franck nous sommes plus réguliers. 

Nous voilà à Guerlédan. Le CP1 est proche mais Frédéric nous fait passer dans une superbe forêt. Ça grimpe pas mal. On se croirait par endroits en montagne. Les paysages sont étonnants. Puis nous arrivons sur le superbe belvédère qui surplombe le lac de Guerlédan. Pause photos obligatoire de quelques minutes. Nous laissons la place à Tic et Tac et repartons. Il reste un joli coup de cul dans la forêt et c'est la descente rapide vers Bon Repos. Juste avant d'y arriver, Frédéric nous attend sur le bord du sentier pour une séance photos. Nous y sommes enfin. Nous commandons une galette. Ce sera andouille, fromage et œuf miroir pour moi, puis une crêpe pomme caramel. Entre temps arrivent Tic et Tac, Julien et Laurent, puis Stéphanie. Il y a aussi un concurrent croisé plus tôt qui galère bien. Il a cassé le cadre carbone de gravel Origine au niveau du tube de selle. Il abandonne ici. Je repars toujours accompagné par Franck. Nous avons pris la décision de rouler ensemble désormais. Nous nous entendons très bien. Nous avons exactement le même rythme. Nous prenons les pauses toujours de concert. Les premiers kilomètres se font le long du Blavet qui dans cette partie, est canalisé et fait partie du Canal de Nantes à Brest. Rapidement nous nous arrêtons pour enlever une couche. Il fait chaud. Le soleil est bien présent. Et nous nous retartinons de crème à cul. Les postérieurs commencent à véritablement souffrir et il faut les soigner sous peine de devoir rouler en danseuse jusqu'à l'arrivée. Rapidement nous sommes rejoins par Julien et Laurent. A partir de maintenant la partie de manivelles se fera à 4. Le rythme est soutenu. Nous parlons, rions, faisons passer le temps comme on peut. Laurent a des jambes de feu. Il est très souvent devant. Dans les descentes il y a 4 cyclistes lancés à pleine vitesse. Nous frôlons plusieurs fois les 60 km/h. Nous avons vécu un moment très sympa avec un troupeau de vaches Pies Noires. En passant le long d'un pré je remarque une vache assez curieuse qui se rapproche de nous. Je l'appelle tout en continuant à rouler. Une seconde, puis une troisième viennent. J'appelle toujours les vaches. quelques une se mettent à courir après nous. Puis c'est finalement tout le troupeau qui se met à courir à nos côté. Moment magique !

Belvédère sur le lac de Guerlédan.


Vincent qui finira deuxième en un peu plus de 4 jours. Crêperie "Un Rayon de Blé Noir".

Bon il faut songer au repos des guerriers. On voudrait aller jusqu'à Châteaulin mais il reste beaucoup de kilomètres à parcourir. Nous trouvons un logement finalement à 18 kilomètres avant Châteaulin, à Pont-Coblant. Une chambre pour 4, voire même 5 si jamais Stéphanie nous rattrape et veut bien partager le "dortoir" avec nous. Nous voilà au sommet du Morbihan, à la Calotte Saint-Joseph. Grosse descente. Puis un peu de route jusqu'à Gourin. Là pause ravito. On se rue sur une petite boutique vendant du snacking et nous nous installons pour manger au soleil sur la place avec une réplique de la Statue de la Liberté. Peu après Tic et Tac sont là aussi. Ils repartent rapidement. Puis c'est Stéphanie qui arrive à son tour. Nous papotons un peu, puis reprenons la route. Stéf ne repart pas tout de suite. Elle est bien fatiguée. A la sortie du bourg, une autre surprise de Frédéric nous attend, un énorme mur avec d'énormes pourcentages. Tout le monde pousse ici. Impossible de monter sur le vélo, même pour les meilleurs. Nous sommes au Roc'h Toullaeron, au cœur des Montagnes Noires. Pendant l'ascension je dois m'arrêter pour répondre à notre hôte du soir. Les trois autres prennent le large. Et c'est seul que j'attaque la superbe descente dans le sous-bois où  nous attendait Frédéric pour nous prendre en photo. Regroupement. Retour sur le chemin de halage, puis nous arrivons à Châteauneuf-du-Faou. Ça grimpe sec. Il commence à faire nuit. On avance en mode lucioles blanches et rouges. Stef nous envoie un message pour nous prévenir qu'elle reste à Gourin pour y passer la nuit. Nous retrouvons le canal et son chemin de halage. Les corps sont fatigués. Julien souffre d'un genou. Moi aussi j'ai le droit qui tire un peu mais c'est très supportable. Franck également commence à souffrir d'une articulation. Il est temps qu'on arrête. Je commence à être en hypo. Et enfin nous arrivons au gîte. Un autre participant de la GTB s'y est arrêté également. C'est Romain qui avait dormi sous dans sa tente au stade de Plouay. J'engloutie un reste de ficelle au thon pendant que commence le défilé à la douche. Il est plus de minuit lorsque nous éteignons enfin la lumière. La nuit va être une nouvelle fois bien courte.

Markitos. Crédit photo : Erminig Bikepacking Adventures.




Les chiffres de la journée :
168,01 km
11h44 de déplacement (16h56 avec les pauses)
14,3 km/h de moyenne (9,9 km/h avec les pauses)
57,7 km/h max
2493m de D+
2582m de D-

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