mercredi 3 mai 2023

GRAVEL TRO BREIZH 2023, 6ème édition. 5ème journée. Mercredi 03 mai 2023.

 Mercredi 03 mai. Cinquième jour sur la GTB. Dehors il fait beau. Nous nous préparons minutieusement. La journée d'hier, courte en kilométrage mais usante est oubliée. Il faut passer à la suivante. Mes jambes ont beaucoup apprécié mon cataplasme. Elles se portent à merveille. Le baume du tigre est vraiment magique. Nous partons. Le jour se lève à peine. Les couleurs sont absolument magnifiques sur la Mer d'Iroise. Camaret se réveille doucement. Pour sortir de la ville, je vous le donne en mille, ça monte. Nous y allons au train, sans forcer. La journée va être longue et il y a la presqu'île de Plougatel et les Monts d'Arrées au programme. Deux beaux morceaux. Rapidement je sens quelque chose qui ne me plait pas. J'ai une bonne douleur sur le coté externe du genou droit. La douleur a évolué et est désormais bien présente. Je la sens bien lors des passages en force ou des montées. Du coup je mouline et je pousse dès que la pente pèse trop sur mon genou. Ça craint. Je ne dis rien encore à Franck mais rapidement je dois me rendre à l'évidence, ça tire trop et la douleur assez vive. De plus je ressens 3 ou 4 décharges au niveau du ménisque... J'en parle à Franck. Il me dit que ça craint et me conseille de pas prendre de risques. Il va falloir laisser tomber mon rêve de boucler la GTB. Ce ne sera pas pour cette année non plus. J'ai un peu les boules, mais quand je regarde en arrière et ce que je viens de faire, je me dis que c'est quand même beau. Cette année aussi je n'aurai pas de regrets ni d'amertume à devoir abandonner. Franck est lui bien plus déçu que moi. De plus il sait qu'il va devoir continuer seul. C'est ce qui me peine le plus, abandonner mon camarade. Je suis triste de le laisser continuer seul. Je sais que ça va être dur pour lui, physiquement mais surtout mentalement. 

Le jour se lève sur Camaret.

Nous longeons les bases militaires de L'Ile Longue et de Lanvéoc-Poulmic. Après l'intersection entre notre route et la D63, au lieu-dit La Maison Blanche, la trace va emprunter une toute petite route de campagne. Elle est sympa mais nous allons vite déchanter. Nous nous retrouvons trois fois face à des voitures arrivant bien trop vite et se déportant complètement dans les virages. Elles nous évitent mais la peur est là, bien installée. J'appelle Fred pour le lui signaler. Il connait le problème. Ce sont des militaires se rendant à la base. Il va appeler la base pour le leur dire et me confirme que l'an prochain l'itinéraire n'empruntera plus cette route trop dangereuse. Nous sommes à Landévennec et vient le superbe pont de Térénez. Je m'arrête pour prendre une photo, puis je pousse jusqu'au début du pont. Franck est parti devant. Il est bien en jambes ce matin. Je sais que je le rattraperai plus tard, certainement à Rosnoën, où nous avons prévu nous arrêter pour y petit-déjeuner. Je profite du paysage depuis le pont. C'est toujours aussi magique. A la sortie de la piste cyclable qui permet de traverser celui-ci en toute sécurité, je prends le sentier à droite. Il monte droit dans la pente. Je pousse. Pas le choix. Je sens bien mon genou. Mais derrière il y a une belle descente dans les sous-bois. C'est top. J'adore. Mais comme souvent c'est trop court et ça remonte jusqu'au village. Je prends mon mal en patience. J'essaye de monter sur le vélo tant que je peux, en moulinant sur le 46 dents. J'arrive dans le bourg. J'aperçois le vélo de Franck devant une échoppe. Il n'est pas seul. Il y a deux autres vélos, ceux de Cyril et de Ludovic. Ils font parti de la vague de départs de dimanche. Nous les avons croisés à plusieurs reprises depuis hier. Ce n'est ni une boulangerie, ni un café, ni une épicerie. C'est un peu tout ça à la fois. C'est le commerce du village. Le lieu de rencontre. Le centre de vie de ce petit hameau. Pour nous c'est une oasis au milieu de la campagne bretonne. On y est bien. Nous discutons tous les 4. Il est temps de repartir. J'approche de la fin de ma GTB. J'ai prévu de m'arrêter et d'appeler Frédéric à Daoulas. Je quitterai alors la trace pour rejoindre la gare de Landerneau et de là je prendrai un TER pour Rennes. Entre temps je continue mon chemin. Franck partira un peu plus tard. Je roule avec Cyril et Ludovic. Ils prennent le large dès que ça monte et je les rattrape dans les descentes que je prends comme toujours pleine balle. Nous roulons sur l'asphalte. La partie technique sera pour plus tard, après Daoulas avec la presqu'île de Plougastel. Mais je ne la ferai pas. le genou ne le supporterai pas. Je reconnais bien le coin. Nous y étions passés en 2022, mais dans l'autre sens. Je traverse Le Faou, puis l'Hôpital-Camfrout et enfin me voila à Daoulas. J'arrive à une intersection. Deux possibilités s'offrent à moi. A gauche, je continue vers Plougastel, et à droite je quitte la trace et je pars vers Landerneau. Ce sera à droite. J'appelle Frédéric pour lui signifier mon abandon et j'attends Franck. Cyril et Ludovic sont partis devant depuis un bon moment. Franck arrive. Il veut manger au restaurant voisin. Je décline, j'ai un TER dans une heure et j'ai 11 km à faire avec une belle bosse sur le chemin. Nous nous saluons et promettons de nous revoir rapidement. Je pars vers la gare. Je tente le stop car j'ai peur de manquer le train. Je vise les grosses voitures et surtout les camionnettes d'entreprise. Après 3,5 km et 17mn d'attente, une grosse camionnette s'arrête enfin et m'emmène jusqu'à la gare. Je saute dans le TER... et j'entends quelqu'un m'appeler. Je cherche qui ose, et là à ma grande surprise je vois mon ami Jacques tranquillement assis. Il a aussi abandonner ce matin et a pris le train à Brest. Nous rejoignons Rennes ensembles. J'aurai voulu prendre le même TGV que lui mais il m'a fallu faire un AR jusqu'à Montfort-sur-Meu pour récupérer mes affaires laissées au gîte. J'ai retrouvé ma famille à 22h00. 

Le pont de Térénez.


A Rosnoën, Franck et moi.

SAS de banque qui m'abrita une nuit en 2022. Daoulas.

Je retrouve Jacques dans le TER !

Montparnasse, terminus du train ! On remonte le vélo !

Le grand nettoyage ! Les sacoches ont bien ramassé avec la boue.

Franck abandonnera deux jours plus tard. Son genou n'a pas tenu également. Cette édition aura vu un grand nombre d'abandons, bien plus que l'an dernier. Cette GTB fut très exigeante, plus dure que la dernière et les conditions climatiques des semaines précédant cette édition, rendirent les chemins peu praticables à cause de la boue. La météo nous fut favorable, fort heureusement sinon le taux d'abandons aurait été encore plus élevé. 

Comment je considère cette GTB ? une déception ? ou une réussite ? et bien je dirai que je ne suis pas déçu. Je me suis encore prouvé que je pouvais pousser mon corps dans des limites que je ne soupçonnais pas. Certes je me suis blessé et que sans cela je serai allé au bout. Mais ce qui m'importe c'est ce que j'ai accompli et faire autant de kilomètres en quatre jours et demi est une belle victoire pour moi. J'ai fait de belles rencontres et j'ai revu de belles personnes. Sur un vélo et sur une telle épreuve l'esprit de solidarité et de camaraderie est très présent et il n'y a pas de faux-semblants. On apprend beaucoup sur soi et sur les autres. C'est très instructif.

Un grand merci à tous ceux qui m'ont envoyé des messages d'encouragement lors de cette épreuve. Même si je ne répondais pas, je les lisais tous et à chaque fois cela me faisait chaud au cœur et me reboostait. Et merci aussi à toutes les personnes (dont une grande partie de mes collègues) qui suivait le petit n°12 sur la carte du tracker. C'est important dans ces moments là de savoir que finalement nous ne sommes pas seuls ! Merci à tous !

Pour finir je voudrai de nouveau remercier Frédéric et sa structure Erminig Bikepacking Adventures de nous avoir proposé une très belle trace, bien sûr dure et exigeante, mais sinon ce ne serait pas drôle.

Je dédie ce compte rendu et cette belle aventure aux deux femmes de ma vie.

Ma dernière position sur la trace de la Gravel Tro Breizh 2023...


Les chiffres de la journée :
65,69 km
04h39 de déplacement (05h57 avec les pauses)
14,1 km/h de moyenne (11 km/h avec les pauses)
60,8 km/h max
1149m de D+
1143m de D-

Les chiffres de la Gravel Tro Breizh 2023 :
743,92 km
50h35 de déplacement (69h14 avec les pauses)
14,71 km/h de moyenne (10,78 km/h avec les pauses)
60,8 km/h max
10 045m de D+
10162m de D-

Le site de l'organisation Erminig Bikepacking Adventures : https://erminig.cc/

3 commentaires:

  1. Bravo pour cette GTB et ton récit !
    Au plaisir de se recroiser ;)
    Fabrice

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    1. Merci Fabrice 😉 @+ sur une prochaine épreuve !

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  2. Merci pour ce compte rendu !
    Guérand

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