samedi 14 janvier 2023

Gravelman Séries Paris Sud 2023, le samedi 14 janvier 2023

 Cela fait un moment que je m'intéresse aux épreuves organisées par Stéven Le Hyaric et que j'ai envie d'y participer. Ces épreuves sont les Gravelman Séries. Elles sont réputées pour être difficiles et exigeantes.


Je n'ai jamais osé m'y inscrire, car je pensais que je n'avais pas le niveau requis. Mais il y a quelques semaines j'ai vu sur les réseaux sociaux que Stéven organisait un Gravelman sur Paris le week-end du 14 janvier. Ça tombe très bien je ne travaille pas ce week-end là. De plus il propose 4 parcours : deux en gravel, un 350km et un 120km, et deux sur route, toujours 350 et 120 km. Je me serai bien lancé sur le 350 km gravel mais il part le vendredi matin et ce jour là je travaille. Donc je m'inscris sur le 120 km gravel. En fait ce sera un 133km, qui partira du magasin Bicycle Store, avenue de la Grande Armée à Paris. Le parcours partira plein sud à travers les Hauts-de-Seine, les Yvelines et l'Essonne. L'orientation du tracé est une descente en direction du SO, et une remontée vers le NE. Ces deux données sont importantes pour la suite du récit.

Samedi 14 janvier 2023, 06h55 j'arrive devant Bicycle Store après avoir traversé Paris depuis la Gare de Lyon. Je fais parti des tous premiers sur place. Je rentre dans la boutique avec le vélo. On me donne une gapette Gravelman et le tracker. Dehors il fait nuit noire. Il ne fait pas trop froid mais le vent souffle constamment et il y a de grosses rafales par moments. 

J'attends un peu. Doucement les participants commencent à arriver. Je guette la venue de Jacques B. avec qui j'avais roulé longtemps lors de la GTB. Il n'est toujours pas là. De plus mon ami Miguel, qui est sur le parcours du 350 Gravel parti la veille, est en approche de Paris. Mais l'heure tourne et j'ai envie de rouler. Un premier groupe s'élance sur le parcours. Les trackers ne sont pas encore activés. Ils le seront à 08h pétantes. Mais qu'à cela ne tienne, je décide aussi de partir. Tant pis si je ne vois pas Jacques ni Miguel. Je parcours 300m et au premier feu rouge le doute m'envahi. Je jette un œil sur le tracker  de Miguel et je m'aperçois qu'il est tout proche sur les quais de Seine. Demi-tour ! Je me lance à sa rencontre. Arc de Triomphe ! Première à droite ! Un carrefour en bord de Seine ! Et soudain sur le pont une lumière de vélo, appuyée par une frontale. Pas de doute il est là. Je lui fais signe. Il s'arrête. On se tape la bise et on part en direction de l'arrivée. Je l'accompagne sur les derniers hectomètres de sa course. Il me raconte sa lutte contre le sommeil, ses micro-siestes, la boue, le froid... Re-Arc de Triomphe ! Avenue de la Grande Armée ! Bicycle Store ! Il en a fini ! Il termine 3ème de l'épreuve. Il est épuisé. Je le laisse souffler, reprendre ses esprits et me reconcentre sur mon épreuve. Dehors Jacques est arrivé. Il est accompagné de Sébastien un de ses collègue et d'un autre Jacques, un pote de Sébastien. Jacques B. va se réinscrire à la prochaine GTB. Il sera accompagné de Sébastien dont ce sera la première épreuve ultra en autonomie. Sur le trottoir quelqu'un m'interpelle. C'est un autre Seb. C'est "Tortuga", une très vieille connaissance que je n'avais pas revu depuis des années. 


Miguel qui reçoit sa médaille des mains de Stéven. ©Versatile Production


Photos du départ devant Bicycle Store, avec Jacques B. ©Versatile Production



Ça y est nous partons. Il est 07h50. Nous traversons l'ouest parisien jusqu'au Bois de Boulogne. Là quelques oiseaux de nuits attendent encore d'éventuelles proies. Après Longchamps nous suivons les bords de Seine. Nous passons sur la rive droite au Pont de Saint-Cloud. Direction le Parc de Saint-Cloud. Je ne connais pas du tout ce coin. Il est beau ce parc ! Première bosse. Je monte tranquille. Je me fais doubler mais je m'en moque. Je roule tranquille, à mon rythme. L'objectif de la journée est d'aller au bout. Ça bascule. Voilà une superbe descente. Je prends de la vitesse. Je suis un petit groupe. Je jette un œil au GPS et je vois qu'on a loupé une bifurcation dans la descente, trop occupé à foncer tête dans le guidon. Demi-tour. On remonte et rattrapons la trace. 

Nous traversons Marnes-la-Coquette et pénétrons dans la forêt de Fausses-Reposes. Je ne connais ce bois que de nom, du temps où je lisais Vélovert Magazine. C'était là que pendant longtemps les  rédacteurs du mag venaient tester les VTT. 

Pour l'instant tout va bien. La pluie annoncée n'est pas là. Le vent n'est pas gênant et les chemins sont assez propres.

Nous traversons la ville royale de Versailles. Passons devant les grilles du château au milieu des touristes. Puis nous longeons la Pièce d'Eau des Suisses. Nous entrons dans la Forêt de Versailles et suivons le cours de la Bièvre. Cela va toujours bien. Nous voilà dans Montigny-le-Bretonneux. Il commence à crachouinner. Le vent s'est levé et on le prend pleine face. La progression devient difficile mais nous sommes en ville pour l'instant. La boue est apparue peu avant sur les sentiers le long de la Bièvre. Et j'ai perdu mes compagnons de route. Nous passons juste à côté du Col du Manet. Altitude 170m ! Voilà les premiers sentiers de la Vallée de Chevreuse. C'est là que les difficultés sont réellement apparues. Les chemins sont très boueux mais on ressent un peu moins l'effet du vent sous le couvert végétal. La progression est de plus en plus dure. Les sentiers doivent être superbes par temps sec. Nous longeons l'ancienne Abbaye de Port Royal. Et soudain au débouché d'un bois nous nous retrouvons à rouler au milieu des champs. C'est dur ! le chemin agricole est très boueux et de plus le vent nous freine fortement. Il faut lutter pour avancer. Le CP1, Dampierre-en-Yvelines, est là ! Il y a une boulangerie dans le centre du village. J'y retrouve le collègue de Jacques et son pote. Jacques lui est apparemment en souffrance un peu plus loin sur le circuit. La boulangerie est prise d'assaut ! L'équipe média qui suit la course est là et nous mitraille.


A Dampierre en Yvelines.


Avec Seb "Tortuga" 
©Versatile Production




Seb, le pote de Jacques, futur participant à la GTB. ©Versatile Production

Stéphane, mon compagnon d'aventure et de galère.

Je repars avec Seb et son pote. Nous décidons de rouler ensemble. Un gros et beau morceau nous attend dans quelques kilomètres. C'est les Vaux de Cernay. Le single est superbe mais toujours aussi boueux. Mon passé de vététiste m'aide beaucoup dans le choix des trajectoires, des appuis et des franchissements. Je mène le train et je prends du plaisir, même s'il faut rouler sur des œufs. Le single est long. Nous passons le long de l'Abbaye des Vaux-de-Cernay. Au sortir du single un long chemin forestier nous accueille. Et quel accueil. C'est un marécage de boue. C'est long. C'est dur. C'est usant et épuisant. Ça y est je râle, je peste. Et il reste encore 70km environ. Entre temps nous avons récupéré Jacques. Il se refait un peu la cerise, mais ce n'est toujours pas la grande forme. Et il y a aussi Stéphane qui s'est joint au groupe. Il nous a demandé s'il pouvait rouler avec nous car il n'en peut plus de rouler seul dans ces conditions. Nous avons dit oui sans problème. Nous voilà donc à rouler à 5. 

©Versatile Production

Le vent est toujours présent et il est bien pénible. La pluie se fait très discrète et c'est très bien ainsi. Nous approchons de Clairefontaine et la trace change d'orientation. S'en est fini d'aller vers le SO et le vent. Nous allons désormais vers le SE et rapidement nous prendrons une orientation NE et nous aurons alors le vent dans le dos sur tout le retour.


En action. ©Versatile Production


Jacques, le pote de Sébastien. ©Versatile Production 





A partir de Bonnelles il n'y a presque plus de forêts et de bois. Nous allons rouler beaucoup à découvert avec de grande traversées de champs. Le groupe se défait et se refait au gré des arrêts des une et des autres. A Bonnelles nous ravitaillons tous dans un petit supermarché. Il tombe un petit crachin. Il ne fait pas trop froid. Nous remontons vers le nord et Paris. Entre Bonnelles et Limours nous roulons sur la Véloscénie. C'est une voie verte. C'est roulant et cela nous permet de souffler. C'est qu'il y a peu de moments de récupération sur cette trace ! A Limours nous la quittons et nous devons descendre un talus très abrupt et surtout très glissant pour rejoindre un single qui se trouve plusieurs mètres en contrebas. Encore un des nombreux moments où j'ai beaucoup râlé et pesté contre l'organisateur. 

©Versatile Production


Les villages et villes se succèdent. Les Molières. Gif-sur-Yvette. Saint-Aubin. Villiers-le-Bâcle. Et Saclay ! Voilà le juge de paix de ce Gravelman. Le Plateau de Saclay ! Depuis le début de la journée j'en entends parler. Il parait que le franchir est une épreuve en soi. Il paraitrait qu'il y a énormément de boue avec d'énormes ornières. Le premier chemin agricole est encore roulant. Je suis avec Stéphane. Les deux Jacques et Seb sont devant. Je pousse un peu parfois mais je peux encore pédaler. Soudain je vois un boitier noir au milieu du chemin. C'est un éclairage avant de vélo. Je le ramasse. Nous voilà qu'il y a une petite ZAD au milieu de la boue. Les Zadistes ont fait un chemin avec des palettes. Nous l'empruntons. Et voilà une départementale. De l'autre côté il y a un attroupement. Je demande si quelqu'un n'aurait pas perdu une lumière. Et bingo, un main se lève. Je lui ai sauvé la fin de son épreuve. Sans lumière il n'aurait pas pu terminer. Il me remerciera longuement à l'arrivée, quelques heures plus tard. Dans le groupe nous retrouvons les deux Jacques. Seb est rentré peu avant par la route. Il en a eu assez de la boue. S'il fait la GTB il ne pourra pas couper ainsi... Jacques, le pote de Seb, a cassé son dérailleur. Il roule sur un vieux VTT DKT et ils sont déjà nombreux à s'affairer autour de son vélo pour tenter une réparation de fortune. Au fond de moi je sais que c'est mort pour lui. La casse est importante et de plus il n'a pas d'éclairage. Il va devoir appeler quelqu'un pour qu'on vienne le chercher. 

Un petit aperçu du plateau de Saclay. En vrai c'était pire ! ©Versatile Production


Avec Stéphane nous décidons de repartir. Nous ne servons à rien. Ils sont déjà assez nombreux à aider Jacques. Le chemin qui s'offre à nous est bien pire que le premier. Le voilà le juge de paix du Plateau de Saclay. C'est un véritable chemin de croix. Impossible de rouler longtemps. Les trajectoires sont aléatoires et j'ai failli me retrouver dans le champs plusieurs fois. Il faut pousser le vélo. Il est plein de boue. Nous sommes plein de boue. Nous pataugeons complètement dans la boue et progressons difficilement dans de hautes ornières. Nous en sortons enfin. La nuit s'installe progressivement. Je profite d'une pose pour prévenir chez moi que je vais rentrer bien plus tard que prévu. C'est que la progression s'est encore ralentie avec l'arrivée de la nuit. Malgré un très bon éclairage, je me suis fait bien peur dans une descente bien pentue et surtout rendue très glissante par le temps humide et la boue. Mon compagnon d'aventure lui aussi s'est fait une frayeur au même endroit. Nous arrivons en Forêt de Meudon. Là la trace emprunte quelques singles devenus dangereux dans l'obscurité. Avec Stéphane nous décidons de les contourner via de grandes allées. Jacques nous a rattraper et lui aussi les contourne. Tous les trois nous allons finir le Gravelman Séries ensemble. En effet nous en avons presque terminé car dès que nous sortons de la Forêt de Meudon nous rentrons dans la banlieue et approchons de Paris. 

Nous traversons la Seine et nous voilà à Boulogne-Billancourt. Nous allons alors rouler sur les quais de Seine pendant 6 km. Jusqu'ici la pluie nous avait épargné mais tout à coup, à mois de 3 km de l'arrivée, une violente averse nous a bien arrosé. Nous sommes trempés. Les vélos se déchargent d'un surplus de boue. Avec la nuit la température a bien chuté, alors cette pluie m'a frigorifié. Il est temps d'en finir. 

Ça y est, nous quittons le quai de Seine. Une dernière avenue, l'Arc de Triomphe et c'est la boutique. On nous accueille. Je rentre mon vélo. Stéven le Hyaric me félicite. Je lui rend le tracker et il me remet ma médaille de finisher. Ça y est je l'ai fait.

Je viens d'en finir. ©Versatile Production


 J'ai mis 12h et 13mn pour faire les 133 km ! C'est dire si ce fut dur. J'ai, sur ces 12h, en fait 10h de pédalage effectif. J'ai longtemps râlé, pesté, traité de noms d'oiseaux l'organisateur de nous avoir emmené dans cette grosse galère. Mais après une bonne nuit de sommeil je ne lui en voulais pratiquement plus. D'accord on a eu de la boue, mais il ne choisit, ni ne commande la météo. D'accord le terrain est exigeant et il n'y a pratiquement pas de moments de récupération, mais si je me suis inscrit à ce Gravelman ce n'était pas pour enfilé des perles mais pour en chier ! Et puis au final ce fut un très bon test et entrainement pour la GTB. J'ai pu tester mon physique, et de ce côté c'est bon. Et j'ai surtout pu tester mon mental et là ce fut moins concluant, même si au final je me suis bien battu contre moi-même et je suis allé au bout de cette galère boueuse. 

Pour conclure je ne dirai qu'une chose, la devise des Gravelman Séries :

START WITH LEGS, FINISH WITH MENTAL !




Les chiffres de ma Gravelman Séries Paris Sud 120 :

133,31 km
10h00 de roulage (12h13 avec les pauses)
13,3 km/h de moyenne (10,9 km/h avec les pauses)
44,7 km/h max

1465 m de D+


CREDIT PHOTOS :  Versatile Production https://www.instagram.com/versatile_production/

GRAVELMAN SERIES : https://www.gravelmanseries.com/  






Gueule de Gravelman ! ©Versatile Production


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