Et me voilà à Lorient ! An Oriant en breton. Je suis de nouveau en Armorique pour y faire du vélo. Cette fois pas de bikepacking. Je suis venu pour participer à une épreuve se déroulant sur une seule journée. Elle est organisée par Erminig Bikepacking Adventures. Erminig ? ce nom vous dit certainement quelque chose. En effet c'est l'association créée par Frédéric Bernard et qui organise la Brigade de la Chocolatine et la Gravel Tro Breizh, épreuves auxquelles j'ai déjà participé. Il est aussi l'organisateur de la Sea To Peak. En parallèle à ces épreuves il a créé les GTB Séries qui se déroulent sur un temps bien plus court, généralement le weekend.
La GTB Séries An Oriant propose trois distances à faire en gravel dans la journée: 100, 150 et 200 kilomètres. Le début et la fin sont communs aux trois boucles. Le 100 est assez roulant pour permettre de découvrir la discipline. Le 150 est strictement identique au 200, ce dernier comportant une boucle supplémentaire de presque 60km avec des chemins un peu plus engagés.
Au moment de mon inscription je m'étais fixé comme objectif de faire le 200. Mais plus la date approchait, plus je me rendais à l'évidence que j'aurai du mal à faire 200 kilomètres sans finir assez tard, et je voulais profiter un peu de ma soirée avec ma chérie qui m'accompagne en Bretagne. J'ai donc décidé de partir sur le 150 kilomètres, qui est déjà une distance assez remarquable.
Samedi matin, 06h45 environ. J'arrive devant la Dynamo Cantine & Vélo. C'est un café-vélo qui va nous accueillir toute la journée. Le départ a lieu juste devant. Chacun est libre de partir quand il le souhaite. L'organisateur nous permet de nous élancer sur les trois traces entre 07h15 et 08h30. Personnellement j'aime bien partir tôt. Aussi je fais parti des tous premiers à rouler dans les rues de Lorient sur les coups de 07h20. Nous voilà parti en petit peloton le long des quais en direction de l'arsenal. Il fait encore nuit mais on sent le soleil qui commence à pointer le bout de ses rayons. On traverse le Scorff via le Pont des Indes et on arrive à Lanester. On continue à longer l'arsenal et on arrive sur les rives du Blavet. C'est l'aube. Une légère brume surnage au-dessus de l'eau. Il fait frais mais le ciel est bien dégagé. Une belle journée nous attend. Pour l'instant c'est assez roulant. Nous roulons sur de petites routes de campagne. A Hennebont nous quittons le Blavet pour filer vers l'Est. Au kilomètre 30 je poinçonne mon passeport au premier CP. Il y en a 2 sur le 150 et 3 sur le 200. Je suis alors accompagné de Sébastien, gérant de LaRustine à Pont-Scorff, et de Erwan une ancienne connaissance du forum Vélo Vert.
Cléguer, Plouay... j'avance bien. Je suis en forme et ma moyenne reste très correcte. Entre Plouay et le CP2, Frédéric nous a préparé une belle surprise. Un single qui longe le Scorff. C'est une petite merveille. Le single est joueur et la rivière magnifique. Un petit ponton. Je traverse la rivière et j'attaque une longue montée le long d'une carrière. Au sommet, au kilomètre 57, il y a le CP2. Je monte au train. Tranquille. Je ne force pas. Soudain je sens un cycliste qui me rattrape. J'entends alors : "J'étais sûr que c'était toi !" C'est mon pote Cyrus. On va rouler un peu ensemble. Mais rapidement après le CP je lui dis d'y aller. Il roule sur un tempo bien plus important que le mien et il est parti sur le 200km. Il pensait que je partais aussi sur le 200, et il semblait déçu quand je lui ai dit que je ne me sentais pas pour faire la longue distance. On décide de s'attendre à l'arriver. Il file comme une flèche. Je continue mon petit bonhomme de chemin. Les chemins succèdent aux petites routes. C'est très plaisant. J'adore.
Le Moulin Mouhot (Photos internet)
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J'approche de Quimperlé. Les parcours du 150 et du 200 se séparent là, au kilomètre 77. Mais j'ai bien cru que je n'allais pas y arriver. En effet quelques kilomètres avant Quimperlé, dans une belle descente, j'ai tapé fort sur un gros caillou avec ma roue avant. Le choc est violent. Je roulais assez vite. Je ne l'ai pas vu, sûrement caché par l'épais tapis de feuilles. Le bruit est sourd et le pschittt qui suit est caractéristique d'une roue qui perd tout son air. La jante est pliée. Le pneu est percé en deux endroits, sur le flanc, dont un trou juste sur le bord de la jante. Et le préventif se fait la malle sans parvenir à boucher les deux trous. Pas moyen de mettre des mèches. Il faut que je mette la chambre à air, mais j'ai un gros problème. Je n'arrive pas à défaire l'écrou de la valve. Ça y est l'abandon se profile... Mais j'ai la poisse ! Non ce n'est pas possible. Je ne peux pas abandonner. Soudain j'entends des rotofils. Il y a du monde qui travaille à proximité. Je vais voir et je tombe sur un père et son fils qui nettoient leur jardin. Je ne voyais pas la maison d'où j'étais arrêté. Ils me prêtent une pince ainsi qu'une pompe à pied. Ils ont sauvé ma journée. Bon à partir de maintenant je dois rouler sur des œufs. Je n'ai plus de chambre à air, j'ai utilisé mon joker.
A Quimperlé la trace grimpe soudainement. Un petit raidillon pas piqué des hannetons avec un pourcentage à deux chiffres. Heureusement que cela ne dure pas longtemps. A partir de maintenant on roule plein sud le long de la Laïta. On va vers l'Océan. Cela fait un bon moment que je roule seul. Enfin je vois la mer et les plages de Guidel. Là je commençais à avoir une fringale. J'avais besoin de salé et d'un bon soda, et j'ai trouvé mon salut dans une supérette. D'ailleurs il semblerait que la grande majorité des participants se soient ravitaillés là aussi. En mai j'aurais du passer par ici, sur ces mêmes chemins et routes, lors de la GTB. Je vais droit vers le Fort-Bloqué qui était le CP6 de la GTB. On est passé dans des dunes. J'ai du poussé quelques fois dans le sable. Je ne veux pas forcer. Je commence à sentir une douleur dans la partie interne du genou droit. Ça c'est certainement un problème de cale. Je les ai changées il y a peu et le réglage a du bouger. Je continue à suivre la côte jusqu'à Lomener, puis le GPS me montre la direction du nord. On refait une incursion dans les terres, vers la base de l'aéronavale de Lann-Bihoué. Un gros avion militaire de transport de troupes est venu me saluer lorsque je longeais la base.
Mer en vue !
La fin est proche. Je suis dans Ploemeur, là où se trouve le gîte de l'Hermine. Je retrouve la mer et les plages vers Larmor-Plage. Il ne me reste que quelques kilomètres pour atteindre Lorient et la Dynamo Cantine. Avant d'y arriver je vais passer dans la Base. Je suis obligé de me frayer un passage au milieu de la foule venue m'acclamer... heu en fait non, venue voir une régate. Je ne connaissais pas la Base. C'est grand, bétonné, impressionnant. Et dire que ce monument de béton a été créé pour abriter des machines servant à tuer des humains. Comment le cerveau humain peut-il imaginer de telles choses pour s'autodétruire ? Je ne comprendrais jamais...
Au large l'Ile de Groix.
Je sors de la base et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je suis devant la Dynamo Cantine. Fred est là pour tamponner mon passeport. Il me remet le petit sac avec les goodies et j'ai droit à une bière bien fraiche. J'englouti un excellent hot-dog et je débriefe avec Martine qui est arrivée peu après moi. Elle était partie sur le 200 mais elle a du couper à cause de soucis mécaniques. Il est 17h30. Je m'étais fixé comme objectif de faire les 150 kilomètres (147 en réalité) en 10h. J'ai mis 15mn de plus. Cyrus est arrivé environ une heure après moi. Je refais un débrief avec lui aussi. Il a roulé fort. Il a doublé de nombreux participants partis au même temps que moi et qui sont arrivés bien après lui. C'est une machine !
La Dynamo Cantine & Vélo (photo de Cyrus)
Je retiendrais de cette GTB Séries le temps splendide qui nous a accompagné toute la journée, j'ai encore pris de bonnes couleurs, ainsi que la superbe trace que nous a concocté Frédéric. C'est un savant mélange de passage techniques, joueurs et de parties bien plus roulantes parfaites pour bien récupérer et pour ne pas se cramer inutilement. L'équilibre entre le roulant et le technique est parfait. De plus les paysages bretons sont toujours aussi beaux. Je ne m'en lasse pas. Un grand merci donc à Frédéric et sa structure Erminig Bikepacking Adventures et à la Dynamo Cantine & Vélo de nous avoir accueilli pour cette belle journée de vélo gravel ! En ce qui concerne le négatif il y a ma roue avant qui est morte pour continuer à rouler en tubeless. Il y a aussi mon genou qui s'est montré un peu douloureux. Il était temps que j'en termine avec le parcours, la tendinite était bien installée en fin de journée. Et par rapport au parcours il y a peu de choses qui m'ont déplu. Peut être un passage le long de l'immense carrière de kaolins de Ploemeur. Après je ne critique pas le choix de Fred de nous faire passer là. Je ne connais pas le secteur et il a très certainement ses raisons de choisir ce chemin. Juste que j'apprécie moyennement ce genre de paysage. Sinon je me répète, la trace est juste magnifique !!! Si cela m'est possible, je reviendrai volontiers sur une prochaine GTB Séries. Et petite info supplémentaire, je suis d'ores et déjà inscrit à la Gravel Tro Breizh 6ème du nom qui se déroulera du 29 avril au 06 mai 2023.
Portraits de participants, par Luc de la Dynamo Cantine & Vélo. A 49" Martine, à 50" votre serviteur, à 1mn05 Cyrus, à 1mn16 Erwan et à 1mn17 Sébastien.
Les chiffres de ma GTB Séries An Oriant :
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