mercredi 8 juin 2022

Bikepacking gravel jusqu'à Rouen. Les mercredi 08 et jeudi 09 juin 2022.

 Il est 09h30. Il tombe des trombes d'eau. Je me ressers un café et j'attends une accalmie. Selon les radars de précipitations la pluie devrait presque s'arrêter dans environ 30mn. J'espère que les prévisions sont justes, car je n'aime  vraiment pas, mais vraiment pas, rouler sous la pluie et le vent. Je mets quand même mes affaires de pluie et effectivement à 10h00, la pluie a presque cessé. Ça y est je pars de Yerres en direction de l'Ouest. Mon voyage à vélo du jour doit me mener à Rouen, en passant par la Vallée de Chevreuse et Evreux. 

Mon premier objectif est la ville de Saint-Rémy-Lès-Chevreuse, où je dois retrouver Marc, un membre du forum de la Horde Sauvage du 94. On ne s'est pas encore rencontré en "vrai". Nous allons faire la route ensemble jusqu'à Rouen. Mais avant d'arriver à Saint-Rémy je dois traverser la laborieuse banlieue du nord de l'Essonne. Il ne pleut plus. La trace que j'ai préparé via Komoot emprunte un maximum de pistes cyclables. Mais tous ces bâtiments, ces voitures et tout ce bruit me saoulent profondément. J'ai hâte de m'extirper de tout cet urbanisme nauséabond. A Les Ulis je traverse une large voie rapide par de petits tunnels et au bout de ceux-ci je suis enfin à la campagne. A moi les petites routes et chemins ruraux ! Peu de temps avant je m'étais abrité dans un abri bus pour laisser passer une ondée et j'en avais profité pour me restaurer. Au niveau du Château de Saint-Jean-de-Beauregard j'emprunte un chemin agricole. Je suis enfin dans mon élément. 

Les rendez-vous aux jardins de Saint-Jean-de-Beauregard.

Il ne me reste que quelques kilomètres pour atteindre Saint-Rémy. Je vais y être bien en avance, donc je vais en profiter pour me ravitailler. A 14h15 Marc arrive enfin en RER. Il a un beau vélo de gravel en titane. Je suis admiratif devant cette belle bicyclette. Nous partons pour "l'ascension" du Château de la Madeleine. Nous sommes à peine parti que je vois plein de préventif s'échapper de ma roue avant. J'ai crevé. J'inspecte rapidement le pneu et je ne constate pas d'entaille. Ça devrait se boucher rapidement. Et c'est ce qui se passe. Fausse alerte !

Nous gravissons la petite colline qui mène à la forteresse médiéval que beaucoup de participants de la randonnée La Jean Racine connaissent bien. La suite du parcours que j'ai préparé nous fera prendre des singles de VTT. Pas facile avec des vélos de gravel bien chargés. Nous avançons doucement. De temps en temps nous traversons de superbes villages. La Vallée de Chevreuse se mérite mais elle est magnifique. Enfin nous atteignons Monfort-L'Amaury. Nous ravitaillons et faisons le plein d'eau dans le cimetière. D'ailleurs il est étonnant ce cimetière ! A voir absolument ! Et il paraitrait qu'un chanteur d'origine arménienne et prénommé Charles y est enterré. 

Saint-Rémy-lès-Chevreuses. (Crédits photos : Marc)

Le Château de la Madeleine.





Montfort-l'Amaury. (Crédits photos : Marc)



L'Etang Neuf, vers Gambaiseuil (78).

A partir de maintenant le tracé sera bien plus roulant. Les heures passent. Avec Marc nous nous entendons bien. Nous roulons au même rythme. Et le temps passe sans que l'en s'en rende compte car nous n'arrêtons pas de discuter. Deux vraies pipelettes. Nous traversons Houdan mais cette fois nous n'y ferons pas de tourisme car l'heure tourne et je voudrais avancer encore un peu avant que l'on se pause pour la nuit. Marc a repéré sur la carte une voie verte à Ezy-sur-Eure. Il pense que nous pourrions y trouver un coin sympa pour bivouaquer et même, pourquoi pas, des tables de pique-nique pour y manger à l'aise. Et bien il avait vu juste. On a mangé bien installé sur une table de pique-nique et nous avons monté les tentes un peu plus loin au bord d'un étang de pêche. Ça faisait longtemps que je n'avais pas bivouaqué dans la tente. Désormais je voyage plus léger grâce au bivvy. Mais là je ne regrette pas la tente vu l'humidité ambiante et la fraicheur des lieus. J'ai passé une excellente nuit, juste parfois réveillé par le chant des grenouilles en plein milieu de la nuit.

Etang de pêche à Croth (27).

Ce mercredi j'ai fait 132km pour 1200m de D+. 

Vers 5h45 je suis bien réveillé. Je reste encore un peu au "lit". Puis j'entends que ça bouge dans la tente voisine. Marc est aussi réveillé et nous sommes debout à 6h00. Petit déjeuner rapide pour moi, puis repliage de la tente, tandis que Marc est un peu plus long. Il m'avait prévenu, mais cela ne me dérange aucunement. J'en profite pour aller faire un tour le long de l'étang. Je réfléchi à la journée qui nous attend. Il reste entre 120 et 130km à faire. Je pense qu'on arrivera sur Rouen en milieu d'après-midi si tout va bien. Le reste du parcours va être très roulant, avec juste quelques passages sur des chemins. Le ciel est dégagé mais il y a toujours un petit vent d'ouest. 

On remballe. (Crédits photos : Marc)


Marc prépare son p'tit déj.

Nous nous mettons en route. Nous supportons bien la petite veste. Avec le vent la température ressentie est assez fraiche. Rapidement nous arrivons à Saint-André-de-l'Eure. Nous y prenons un vrai petit déjeuner en terrasse d'un bar au centre du village. Marc me fait remarquer une curiosité : il y a la devise républicaine sur les murs extérieurs de l'église. 

Face au cimetière de Croth.



Saint-André-de-l'Eure. (Crédit photo :Marc)

Nous sommes aux portes d'Evreux. Juste avant d'atteindre la ville préfecture, nous nous engageons sur un long chemin rectiligne qui passe au milieu des champs. C'est une ancienne voie romaine. Heureusement celle-ci n'est pas pavée. A Evreux nous devons récupérer une voie verte mais nous manquons l'entrée de celle-ci. Nous sommes concentrés sur la circulation automobile et nous nous ne concentrons pas du tout sur la trace. Nous récupérons enfin la voie verte après avoir traversé une cité HLM. Nous voilà parti pour 40 km sur cette voie verte. C'est une ancienne voie de chemin de fer qui reliait Evreux à Le Bec-Hellouin. 40km ? ça va être long ! c'est roulant, assez plat et ça passe au milieu des champs. J'aurai bien voulu tracé ailleurs que sur cette longue voie verte mais je n'avais trouvé rien d'intéressant dans le coin. C'est une grande plaine agricole un peu comme la Beauce ou la Brie. Marc, qui avait étudié ma trace, était arrivé au même constat. Le temps s'est voilé. Le vent d'ouest s'est renforcé et notre cap est ouest-nord-ouest. C'est à dire que l'on a le vent de 3/4 face environ. Les haies le long de la piste nous bouchent le paysage mais elles nous servent surtout de paravent. Alors tant pis pour le paysage tant que l'on est à l'abri. Parfois il n'y a plus de haie, et là d'un coup la conversation cesse et nous serrons un peu les dents pour avancer. Après le Neubourg  le paysage va changer et la voie verte sera plus à l'abri. Fini la grande plaine. Désormais nous suivons une petite vallée. Nous sommes sous le couvert végétal, et la piste est devenue sinueuse. Nous apercevons deux chevreuils dans un champs. Nous les dérangeons à peine, ce qui nous permet de les admirer. Hier déjà nous en avions croisé un. On l'avait débusqué au milieu d'un chemin forestier, juste à quelques mètres de nous. Moment magique !

Marc sur la longue Voie Verte de la Vallée du Bec.

Le vent vient de la gauche !



Enfin nous en terminons avec cette longue et interminable voie verte. D'ailleurs elle a un petit nom. C'est la Voie Verte de la Vallée du Bec. Nous sommes à Le Bec-Hellouin. C'est un superbe village typiquement normand. Nous sommes en fond de vallée et il faut en sortir, ce qui signifie qu'on va avoir droit à une belle grimpette. Ce sera la dernière de la journée. Celles qui restent seront bien plus faciles. Mais elle se fait sur route. Donc c'est un moindre mal. Nous sommes en approche de la Vallée de la Seine. C'est bien plus vallonée que ce que l'on a traversé depuis ce matin. Soudain je m'engage dans un chemin et je vois un grand rapace s'enfuir devant moi. Il a tellement eu peur qu'il en est tombé au sol et a lâché sa proie avant de reprendre son envol. Il avait entre ses serres un écureuil roux. Nous ne pourrons plus rien pour lui. 


Le Bec-Hellouin. Son abbaye et ses maisons à colombages.

Nous approchons du prochain objectif de la journée mais avant d'y arriver nous devons traverser une forêt. Nous y adapterons un peu notre parcours pour éviter certaines parties inintéressantes. Nous atteignons enfin une route et c'est une descente rapide qui nous mène droit sur les bords de Seine et le bac de La Bouille. C'était l'objectif à atteindre. Je sais que ma journée en Normandie touche à sa fin. Nous traversons la Seine sur le bac et enfin nous partons plein Est vers la métropole Rouennaise, en suivant la rive droite via une piste cyclable. Le début est sympa mais rapidement le paysage devient franchement affreux. Ce ne sont qu'usines, dépôts pétrochimiques et autres joyeusetés industrielles. Je me sens oppressé. Définitivement je déteste les banlieues des grandes villes. Enfin arrive le centre-ville et ses quais réhabilités. Il y a même un superbe trois mats amarré là. C'est nettement plus sympa.

Sur le bac.







Rouen :  le Dar Mlodziezy, trois mats polonais.

Il est temps de quitter mon compagnon de route. J'ai un train dans 30mn pour Paris. Marc va continuer à rouler. Il bivouaquera encore cette nuit et ne rentrera chez lui que demain. Ce fut un compagnon de route bien sympathique. Je roulerai de nouveau volontiers avec lui.

Me voilà dans le TER. Je mange encore. Je somnole à moitié. Je repense à ce que l'on vient de faire. Cela m'a bien plu, sauf la partie à travers la plaine. Je me suis remis en mode chasseur de boulangeries et autres supérettes. J'ai gardé au fond de moi cette obsession de la recherche de commerces de proximité acquise lors de la GTB. Pour l'eau nous avons rempli nos bidons là où on est toujours sûr de trouver de l'eau : les cimetières.

Si je dois retourner à Rouen en mode bikepacking, je pense que je choisirai un autre itinéraire. Plus au nord je pense. Au fait pourquoi Rouen ? Et bien tout simplement parce que c'est une ville assez proche de l'IDF et que le retour peut être fait en moins de trois heures en TER. En effet ces trains permettent de voyager avec les vélos non-démontés et sans surcoût.

En ce deuxième jour j'ai fait 128km et 730m de D+, plus 28km supplémentaires entre la gare Saint-Lazare et Yerres.

Les chiffres de cette balade normande :

Jour 1:

132,11 km
08h10 de roulage (10h56 avec les pauses)
16,2 km/h de moyenne (12,1 km/h avec les pauses)
57,5 km/h max
1201 m de D+

Jour 2 :

128,12 km
06h37 de roulage (08h48 avec les pauses)
19,3 km/h de moyenne (14,6 km/h avec les pauses)
49,6 km/h max
726m de D+

28,27 km (Paris - Yerres)
01h29 de roulage (01h39 avec les pauses)
18,9 km/h de moyenne (17,1 km/h avec les pauses)
37 km/h max
103 m de D+

Sur les deux jours :

288,50 km
16h16 de roulage (21h23 avec les pauses)
18,13 km/h de moyenne (14,6 km/h avec les pauses)
57.5 km/h max
2030m de D+

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