samedi 8 juin 2019

Via Senonensis : 5ème étape Joigny - Vézelay 1/2, le 08 juin 2019

Ça y est, l'heure d'achever la Via Senonensis est enfin arrivée. En août 2018 je l'avais laissée à la gare de Joigny. C'est donc de là que je vais reprendre mon chemin pour enfin atteindre Vézelay. Le samedi 08 juin je dépose ma fille chez mes parents à Thomery. J'ai à peine le temps de les saluer que je file déjà vers la gare de Moret sur Loing pour attraper le TER de 9h32 qui va me mener à Joigny. A 10h50 je donne mes premiers coups de pédale. Le temps n'est pas terrible. On a encore les restes de la tempête d'hier. Le ciel est couvert et il y a pas mal de vent. Il ne pleut pas, c'est le principal. Mais je roule quand même avec ma doudoune, c'est dire s'il ne fait pas chaud. Le vent est du sud-ouest, cela veut dire que je vais l'avoir de face presque tout le temps. Ça ne m'arrange pas, je vais droit au sud. 

Gare de Moret-Veneux-les-Sablons (77)

Cette sortie sera aussi l'occasion de faire un point sur mon état physique. Lors de mon escapade auvergnate, je me suis trouvé fatigué. Était-ce passager ou non ? 
Aujourd'hui je dois faire environ 81km pour rallier Vézelay. Mais je sais pertinemment que j'en ferai plus du fait des tours et détours. C'est ambitieux, surtout que je roule en VTT (le Camber) et qu'il est chargé. Le dénivelé est aussi un peu conséquent, surtout dans les derniers kilomètres, lorsque je m'approcherai du Morvan et que j'aurai plusieurs heures de vélo dans les pattes.
Le début est relativement aisé. C'est très plat. Je traverse des champs via des routes départementales et de grands chemins. Les villages sont charmants.








Et juste après Fleury-la-Vallée je me pose pour manger un peu. Je ne roule plus avec la doudoune, mais parfois il fait un peu frais dès que le vent souffle trop fort. Juste après Charbuy je croise le chemin d'un pèlerin. Lui aussi fait le Chemin de Paris à Vézelay via Sens. Il est parti de Paris il y a 6 ou 7 jours. Je suis la première personne qui suit ce Chemin qu'il croise. Je vais marcher un bon moment avec lui (40mn sur 3km). Je le laisse un peu avant Auxerre, à St-Georges-sur-Baulche. Pour arriver à Auxerre je vais rencontrer la première grimpette de la journée. Celle-ci n'est qu'une formalité. Je roule sur le bitume et j'ai encore les jambes qui répondent bien. 
Enfin je suis dans Auxerre. Je ne connais presque pas la préfecture de l'Yonne. J'y étais venu supporter l'AJA à l'époque de ses glorieuses campagnes européennes lors de l'ère Guy Roux, et je n'avais visité que le stade de l'Abbé-Deschamps. J'ai beaucoup aimé le centre historique. Je ne m'attendais pas à voir une si joli ville. Il faudra que je revienne avec plus de temps.
A la sortie de la ville une nouvelle grimpette me fait face. Celle-ci aussi se passe bien. De là-haut on a une superbe vue sur Auxerre et les environs. Et il faut redescendre aussitôt. Et ce sera "dré dans l'pentu" ! Tige de selle en bas, bien en arrière et on lâche les freins. Enfin un passage un peu technique. J'arrive sur les bords de L'Yonne. J'y croise une rando VTT un peu particulière. Des adultes roulent avec leurs enfants, et il sont accompagnés par des motards de la Police Nationale et de la Gendarmerie. C'est la Franck Pineau. Quel organisation ! 

Charbuy.

Auxerre.



Dré dans l'pentu.

Vaux.

Je vais maintenant suivre les bords de l'Yonne et du Canal du Nivernais, qui se confond souvent avec la rivière. Le début est très sympa, car j'emprunte un sentier coincé entre les propriétés et l'eau. Il y a quelques passages où je dois faire attention à cause des racines et de l'étroitesse du passage. Mais je vous rassure je ne suis pas tombé dans le cours d'eau. Je traverse Champs-sur-Yonne et retrouve le chemin de halage. A partir de maintenant cela va devenir lassant. En effet ce passage est sans intérêt. C'est monotone et de plus je dois lutter contre le vent de face. J'essaye de maintenir une bonne allure mais sans m'en rendre compte je suis en train de me cramer. Après un peu plus de 9km j'arrive à Cravant et je fais un arrêt à la Halte Fluviale. Là je m'achète une bouteille d'eau gazeuse et la bois aussitôt. C'est que maintenant il fait bien chaud. Le vent est toujours présent mais moins fort que ce matin. Il est toujours aussi gênant cependant. Je me pose un peu à l'ombre et regarde ce qu'il me reste à parcourir. Selon mes estimations j'ai encore 30 km à faire. Je sais que ce seront les plus durs. Je commence à être fatigué et le relief va se durcir sérieusement. 


Champs-sur-Yonne.





Halte fluviale de Cravant.

Je suis pendant encore 4 ou 5 km le canal. D'ailleurs vers la fin je vais souffler un peu en poussant le vélo. J'ai les jambes de plus en plus dures et je n'en peux plus de ces berges interminables. 
J'arrive à Sainte-Pallaye. Je fais une pause barre à l'ombre sur le bord du chemin. J'ai chaud. Le ciel n'est plus du tout voilé comme ce matin et le soleil est éclatant. Il réchauffe bien l'air ambiant désormais. 
A partir de maintenant je vais alterner les montées et les descentes. Souvent lorsque la pente est un peu trop forte, je pousse le vélo. Dès que les pourcentages sont plus raisonnables, je remonte dessus et je me force à pédaler. Il faut que j'avance, j'ai un objectif. Je veux le tenir ou bien m'en approcher le plus possible. Je traverse de nombreux bois et forêts. Je suis donc plus à l'abri du soleil et j'en souffre moins. Je me donne un petit objectif, le Lac-Sauvin. C'est un petit hameau, qui malgré son nom n'a pas de lac ! Il me semble que je peux m'y ravitailler. Une longue descente très rapide et joueuse précède mon arrivée dans le petit village. J'y suis peu après 18h30. Juste à son entrée il y a une ferme qui est aussi une fromagerie. Le point de vente est le long de la route. Je m'y arrête. Malheureusement c'est déjà fermé. Quel dommage ! Moi qui adore le fromage, je me faisais une joie de pouvoir acheter de bons produits fermiers. Tout à coup une femme s'approche et me demande si j'ai besoin de quelque chose. C'est la propriétaire. Elle me propose de m'ouvrir exceptionnellement la boutique pour que je puisse faire le plein de bons produits laitiers. Elle me vend aussi du pain et me laisse remplir mon sac-à-flotte. Je vais pouvoir me faire un bon gueuleton ce soir ! Merci madame !
Je repars ainsi charger. Il reste environ 15km jusqu'à Vézelay. Dans le bois juste avant le Lac-Sauvin il y avait une cabane de chasseurs, mais elle était fermée. Dans le topo-guide j'avais lu qu'il y a dans les environs du village, une cabane ouverte à tous. Il semblerait que ce ne soit pas celle-ci. En fait elle est quelques kilomètres plus loin, sur la commune de Blannay. La cabane est en effet ouverte à tout le monde. Elle est très spacieuse, et sert d'abri aux randonneurs de passage. Elle est à une croisée de chemins dont deux GR, les GR13 (Fontainebleau à Bourbon-Lancy, 423km) et le GR654 (Compostelle qui va de Namur à Montréal-du-Gers, 1750km environ). Il y a aussi une liaison pour rejoindre le départ du Chemin d'Assise qui débute à Vézelay. Et enfin il y a le chemin que je suis, la Via Senonensis. Un grand panneau indicateur annonce : Vézelay 10km. La cabane a une terrasse abritée, avec une table et deux bancs. Je vais m'installer là pour dîner. Je fais chauffer mon poulet-riz complet dans son sachet. C'est un plat auto-chauffant. C'est astucieux, pratique, bien chaud et très bon. Le plat est de plus copieux. Je me fais un petit apéro en attendant que ça finisse de chauffer, avec quelques tranches de saucissons et un peu d'eau. Il y avait de la gnôle dans la cabane, mais je me suis abstenu d'en prendre. Et pour finir : Fromage ! Je suis repu et les batteries sont rechargées après cette pause de 40mn. J'ai longtemps hésité à dormir ici cette nuit. Je pourrai m'installer dans la cabane. Mais finalement je change d'avis et continu mon chemin. Demain matin je sais que j'ai un TER à 9h45 à Avallon. De Vézelay à Avallon je pense alors qu'il y a plus de 20km à faire, et je ne veux pas être trop loin de la gare pour ne pas louper le train.En fait je me trompe, la distance est bien plus courte. Il n'y a que 14km.


La fameuse cabane de chasseurs.





Plus je m'approche de Vézelay, plus je me rend compte que les bois ne sont pas trop propices à y planter l'abri. De plus le pèlerin rencontré plus tôt dans la journée, m'a parlé d'un camping du côté de Vézelay. Une recherche rapide sur le net m'indique qu'il y a un camping municipal à Asquins, juste au pied de la Colline Eternelle. De plus selon leur site, le prix est très modique. Je m'y rend donc. 
Dans l'avant-dernière descente de la journée, juste après avoir passé le hameau Les Hérodats, j'aperçois enfin Vézelay perchée sur sa colline. C'est beau. Elle est belle la Basilique dominant les vallées alentours. Une dernière grimpette aisée, une dernière descente rapide et j'arrive enfin à Asquins. Je tourne un peu dans le village avant de trouver le camping. Il est 20h10 quand j'y arrive. Le village est bien au pied de la colline abritant Vézelay, et on voit tout de suite que les derniers kilomètres sont durs. Les pourcentages pour y arriver sont élevés. Je paye mon emplacement pour la nuit. J'installe mon abri entre deux arbres et je pars au bistrot du coin me désaltérer d'une bonne mousse bien méritée. Je suis bien fatigué. Mes jambes sont douloureuses, et j'espère que la nuit va me faire du bien. Aujourd'hui j'ai fait 82,23km sur cette étape (88,99km avec les liaisons) pour 1009m de D+. Je pense que je vais bien dormir, du moins je l'espère.


Au loin Vézelay.





A la votre.

Asquins.

Au pied du camping.

Mon abri MSR.


Les chiffres de la journée :

82,23 km (88,99 km avec les liaisons)
1009 m D+ (1073 m avec les liaisons )
946 m D- (1029 m avec les liaisons)
6h42 de roulage (9h21 avec les pauses)
12 km/h de moyenne (8,8 km/h avec les pauses)
54,6 km/h max
et croisé deux chevreuils.

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